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La Fausse Maîtresse : Entre amour et amitié

Écrit par: JS - sept.• 13•14

On peut sauver la vie à un homme et le tuer après, si nous trouvons en lui un mauvais compagnon ; mais ce qui rend les amitiés indissolubles, nous l’avons éprouvé : chez nous, il y a cet échange constant d’impressions heureuses de part et d’autre, qui peut-être fait sous ce rapport l’amitié plus riche que l’amour.

La Fausse Maîtresse

Le comte Adam Mitgislas Laginski, Polonais proscrit, a épousé Clémentine du Rouvre, Parisienne coquette. Il faut deux ans à celle-ci pour se rendre compte qu’un ange gardien, en la personne du comte Thaddée Paz, veille sur le bon maintien du ménage et de sa fortune. Thaddée Paz, meilleur ami de Laginski, est fou amoureux de Clémentine. C’est pour cette raison qu’il est resté jusqu’alors invisible à celle qui fait battre son cœur, s’occupant de son bien-être dans l’ombre. Cependant, après avoir appris son existence, elle insiste pour qu’il lui soit présenté. Pris entre deux feux – entre deux sentiments contradictoires – il décide de rester fidèle à son ami – à qui il doit la vie – et de préserver leur amitié. Il établit alors un mensonge élaboré : celui de sa liaison avec Malaga, une écuyère et fille de cirque légère.

Petit livre qui se lit rapidement, La Fausse Maîtresse ouvre un pan de rideau sur le style balzacien. À son habitude, l’auteur s’occupe, dans une première partie, avant d’entrer dans l’histoire, à apporter des précisions à ses lecteurs tant sur les personnages que sur le contexte politique. Cela permet de donner de la profondeur à l’intrigue et de brosser au passage le portrait d’un peuple. À travers ce court récit, il nous entraîne dans une balade dans le Paris de la première moitié du dix-neuvième siècle, mettant en lumière les exigences de la morale et du paraître de la haute société de l’époque. Les sentiments de l’âme sont relégués à la seconde place face à l’importance des apparences.

On a là, en regard avec un drame amoureux, une ode à l’amitié, mise en exergue par l’abnégation de Paz, personnage qui, au contraire de celui de Clémentine Laginska, fait naître chez nous un sentiment de sympathie. Homme d’honneur qui désire en secret une femme interdite, il préfère se destituer à ses yeux, lui inspirer du mépris, plutôt que lui transmettre son amour. Par ailleurs, le personnage de Malaga, qui ne comprend pas le soudain intérêt de Paz pour elle, ni son attitude froide quand il est en sa présence, apporte une touche de comique à l’histoire. Au final, Balzac laisse en suspend le triangle amoureux par une pirouette qui ne gâche en rien ce qui précède.

Si l’envie vous prend de lire un auteur classique sans y passer des heures, La Fausse Maîtresse est tout indiqué !

Honoré de Balzac, La Fausse Maîtresse, Gallimard, collection folio, 1980 (1842).


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