Aux films des pages

A la découverte des fictions

Les Confessions d’un travesti : Lingerie et narcissisme

Écrit par: JS - nov.• 08•14

J’ai la passion du travestissement, c’est-à-dire que j’éprouve le besoin violent de revêtir, de temps à autre, des vêtements féminins, et surtout de la lingerie féminine. Je me hâte d’ajouter que je ne suis pas un homosexuel. Je ne méprise pas, comme certains, ces gens-là. Sans partager leurs goûts, je les comprends et les excuse, mais ils me sont totalement indifférents. Je suis, au contraire, un admirateur du beau sexe, mais du beau sexe bien habillé.

Les Confessions d’un travesti

1956. Un homme de quarante-trois ans, anonyme, se dévoile par écrit, sans pruderie et sans pudeur. Il étale au grand jour une passion, plus répandue qu’on pourrait le penser, et les pulsions qui vont avec. Enfant déjà, les dessous féminins l’interpellent : il vole ceux de sa mère et se découvre sexuellement. Puis le penchant grandit, s’amplifie, se diversifie ; narcissisme et masochisme font leur apparition. L’homme aime à s’admirer dans la glace et à se photographier vêtu de cette lingerie qu’il vole, emprunte ou achète. D’abord accepté par sa femme, il finit par devoir renoncer à étaler son penchant devant elle (l’amusement se transformant en agacement) et chercher à s’épanouir par d’autres biais, caché et loin du domicile familial.

Récit d’un penchant sortant des chemins de la « normalité », d’un « vice » – comme le dit lui-même le protagoniste – Les Confessions d’un travesti nous plongent dans le monde de ce désir qu’ont certains hommes à s’habiller en femme. C’est donc une plongée dans le monde du désir d’un homme en particulier (aimant s’habiller en femme, mais adorant les femmes), toutefois l’anonymat de sa voix en fait un discours avec une portée plus grande.

Je savais maintenant, par tout ce que j’avais pu lire, que mon cas était assez fréquent. Par l’intermédiaire de certains journaux, j’avais réussi à dénicher des correspondances de mêmes goûts que les miens, mais la plupart étaient des homosexuels et cela ne m’intéressait pas.

En somme, ce petit livre a un caractère d’exception. La franchise ainsi que la sincérité de cette mise à nu touche – voire même trouble, par moments – et l’on est presque déçu quand on peut lire en dernière note de l’éditeur : « Une rumeur court d’après laquelle ces Confessions d’un travesti seraient une supercherie littéraire, commise par Éric Losfeld, fondateur des éditions Le Terrain Vague ». Qu’importe ! Le texte permet de découvrir un penchant pas si rare que cela, qu’il faut aborder sans juger.

Anonyme, Les Confessions d’un travesti, Éditions Allia, 2014.

Précision de l’éditeur : « Le présent texte a paru pour la première fois dans la collection « Les Grandes Études françaises de Psychiatrie », au titre de premier volume de la série, Paris, Le Terrain Vague, 1956. »


Acheter le livre:

pannierAcheter le livre sur Amazon

 

You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

Un commentaire

Laisser un commentaire

Publicité