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A la découverte des fictions

Vinyl: Rock’n’roll blues

Écrit par: AI - févr.• 27•16

Avec la série télévisée Vinyl, proposée au public par Martin Scorsese et Mick Jagger, nous plongeons dans les années 70 et l’univers du «sexe, drogue et rock’n’roll» à travers un scénario signé Terrence Winter qui a déjà travaillé à de maintes reprises avec le réalisateur new-yorkais.
Trash et délurée, la série est bien rythmée et offre un voyage de première classe dans le New-York violent de 1973 ainsi que dans une année charnière pour l’histoire de la musique. Cependant, elle n’est pas si endiablée que ce à quoi l’on pourrait s’attendre. Si le spectateur plonge dans un univers à l’énergie rock et aux mœurs dissolues – drogue, sexe, concerts rock, violence, escroquerie, bastons, meurtres – la présentation des événements est plus sobre et soft comparée, par exemple, au Loup de Wall Street, autre création de M. Scorcese et T. Winter. Ce n’est pas encore la série de tous les excès. Ils sont là, mais ils sont montrés de manière… acceptable serait le mot?

Commencée le 14 février aux Etats-Unis et retransmise directement sur la RTS dès le lendemain, la série tient ses promesses et est à la hauteur du talent de ses créateurs. La réalisation du pilote (celui-ci était réalisé par Scorsese lui-même) est vraiment réussie et le scénario bien ficelé. Au final, alors que le pilote dure environ 1 heure 40, il est presque du niveau d’un film tout en restant dans l’optique d’une série au niveau du tissage de l’intrigue. Si les séries ont gagné en qualité ces dernières années, ici, on atteint l’étape suivante où la frontière entre télévision et cinéma n’est plus aussi limpide. Cependant, tout n’est pas dévoilé car si on a la qualité scénaristique d’un film, les enjeux ne sont pas tous clairs et les personnages restent encore à comprendre.
Au niveau de l’image, si elle ressemble un peu à celle des films des années 70 au niveau de sa qualité, les changements d’angle de caméra sont également très intéressants. Le spectateur se retrouve à observer l’intrigue à la hauteur des personnages, depuis en haut, par en bas: tous les moyens sont bons pour lorgner dans la vie des protagonistes.
Le montage est également particulièrement réussi et le rythme dynamique. Sachant que de nombreux dialogues sont assez longs, qu’il y a beaucoup de silences, leurs changements brusques avec la musique sont très nets et font leur petit effet. Une musique d’ailleurs qui est très présente dans la série, bien entendu. Les moments musicaux apportent une part de piquant, mais donnent aussi une sorte de réalisme et de touche personnelle.
Esthétiquement, la série ne manque de rien: décors, costumes, bande son. Rien n’a été laissé au hasard afin de lui donner cette touche d’authenticité seventies.
Les personnages sont également hauts en couleur. Si, pour l’instant, le chanteur Mick Jagger (qui coproduit la série) n’est pas au casting, le scénariste s’est apparemment inspiré de carnets que le chanteur tenait à l’époque. C’est donc d’une source sûre que proviennent certains éléments de l’histoire.
En outre, quelques personnages réels sont inclus à l’épisode pilote. Richie tente de faire signer Led Zeppelin. Après Robert Plant, il y a également Bo Diddley ou encore les New York Dolls qui sont présents, et nous pouvons nous attendre, sans trop nous avancer, à croiser dans les épisodes suivants d’autres musiciens qui ont fait la musique de ces années-là.
Cependant, se sont surtout des personnages de fiction qui sont au centre de l’intrigue. Richie Finestra est un producteur de musique qui tente de redonner vie à son label tout en cherchant de nouveaux sons. C’est un personnage torturé qui est à fond dans la musique que l’on découvre avec lui. Il est au centre de l’intrigue. Néanmoins, nous découvrons aussi d’autres personnages, moins présents pour l’instant, comme la femme de Richie, interprétée par Olivia Wilde, ou une assistante ambitieuse du label qui cherche de nouveaux talents pour se faire une meilleure place dans le monde de la musique. S’il n’y a pas Mick Jagger, on retrouve son fils au casting de la série, James Jagger, jouant un musicien. Le jeune homme offre d’ailleurs une prestation intéressante, possédant une part du charisme scénique de son père. En outre, le jeu de tous les acteurs de la série est particulièrement bon.

Une série à découvrir au coin de notre feu hivernal afin de plonger dans les chaudes soirées rock’n’roll de 1973!
Vinyl. Mick Jagger, Martin Scorsese, Rich Cohen et Terence Winter. Home Box Office. 2016-présent.

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